PRODIG - Pôle de Recherche pour l'Organisation et la Diffusion de l'Information Géographique

Activité minière responsable au Maroc (AMIR)

Acronyme : AMIR
Porteurs du projet : Aziz IRAKI
Abelaziz SMOUNI& Raphaëlle
CHEVRILLON-GUIBERT
Fabrice COLIN
Équipe du projet :

Au Maroc le laboratoire est porté par l'équipe du Centre d’étude et de recherche en aménagement et urbanisme de l'Institut National d’Architecture et d’Urbanisme de Rabat et l’équipe de Biotechnologie et Physiologie Végétales du Centre de Recherche en Biotechnologies Végétale et Microbienne, Biodiversité́ et Environnement de la Faculté des Sciences de l'Université Mohamed V de Rabat; en partenariat avec les équipes des UMR IRD 215 PRODIG et 161 CEREGE en France. Plusieurs équipes partenaires sont également associées venant des laboratoires de recherche sur les Différenciations Socio-anthropologiques et les Identités Sociales de la faculté des lettres et sciences humaines de l'Université Hassan II de Casablanca, “de Chimie des Matériaux et de l’Environnement” de la faculté de sciences de l'Université Cadi Ayyad de Marrakech, de l'ONG TARGA ainsi que de l’équipe “Valorisation des Ressources, Environnement et Développement Durable” de l’Ecole Nationale Supérieure des mines de Rabat.

Dates : 2020-2025
Site web : https://www.ird.fr/lmi-amir-activite-miniere-responsable-au-maroc-enjeux-defis-et-solutions

Le projet AMIR (Activité MInière Responsable : Enjeux, défis et solutions au Maroc) a pour ambition de co-construire un laboratoire « réseau » interdisciplinaire et transdisciplinaire de référence internationale dans le domaine de l’activité minière responsable. Il associe 4 équipes fondatrices, à partir de programmes de “recherche, développement, formation et innovation” qui seront menés en synergie. Les 4 équipes sont : 1-L’Equipe Physiologie et Biotechnologie Végétales, Centre de Recherche en Biotechnologies Végétale et Microbienne, Biodiversité et Environnement, (BioPV), de la Faculté des Sciences de Rabat; 2-Le Centre d’étude et de recherche en aménagement et urbanisme de Institut National d’Architecture et d’Urbanisme de Rabat; 3-L’UMR IRD 215 PRODIG; 4-L’UMR IRD 161 CEREGE. Les principales équipes associées au Maroc sont : Le Laboratoire “de Chimie des Matériaux et de l’Environnement” de la faculté de sciences de Marrakech et l’Equipe “Valorisation des Ressources, Environnement et Développement Durable” de l’Ecole Nationale Supérieure des mines de Rabat.

La forte croissance continue de la demande mondiale en minerais a doublé depuis les années 90, en partie liée au développement technologique et à celui des infrastructures. La hausse des prix concomitante des matières premières favorise l’accroissement intensif des activités minières en particulier dans les pays méditerranéens et ceux de la ceinture tropicale. Loin des concepts de “découplage économique” de la croissance et de l’exploitation des matières non durables pronés par le PNUE depuis les années 2010, cette activité est perçue comme un enjeu de développement majeur de ces pays porteurs de réserves minières, car elle est fortement génératrice d’emplois et de capacités à l’exportation.

Or ces dynamiques d’exploitation s’inscrivent dans des processus économiques mondiaux, et l’extraction des ressources minières primaires comporte de nombreux risques écologiques, économiques et sociaux. Les risques incluent les impacts locaux (écosystèmes, biodiversité, aquifères, économie de syndrome hollandais, perte d’identité culturelle et cohésion sociale, santé des populations, inégalités) et globaux (Gaz à effet de serre - GES). Elles participent également des questionnements fondamentaux qui interrogent la durabilité environnementale et sociale de la croissance, la réduction des inégalités et de la pauvreté, et les reconfigurations de la citoyenneté.

Les entreprises minières sont enjointes de participer directement au bien-être des sociétés notamment par leur rôle social et également en prévenant et réduisant les impacts négatifs liés à leurs activités (ODD, 2015). Le gradient des enjeux, des défis, tout au long des projets miniers qu’il est donc nécessaire de considérer aujourd’hui dans leur cycle de vie, et les solutions pour les résoudre dépendent des contextes géologiques (nature des gisements et des processus d’exploitation et traitement), environnementaux, politiques et culturels. Toutefois, contribuer à atteindre l’objectif global d’accompagner l’activité minière dans une perspective de responsabilité croissante, d’améliorer la gouvernance, de réduire les impacts négatifs, et de restaurer les environnements dégradés, demande une implication plus forte et plus interdisciplinaire de la science : l’approche holistique du LMI AMIR contribuera à produire les connaissances nécessaires, et permettra de proposer des solutions concrètes et acceptées par la majorité des acteurs.

Tel est l’objectif du LMI AMIR au Maroc, véritable laboratoire historique et grandeur nature. En effet, le Maroc est un pays de très longue tradition minière, comme en témoignent de nombreux sites datant pour certains de l’époque phénicienne, indiquant que l’industrie minière (exploitation et raffinage des métaux) a occupé pendant des siècles, une place importante dans l’activité économique et sociale du pays. Depuis son indépendance (1956), le Maroc a développé son potentiel minier, a réalisé des unités avancées en matière de recherche, d’exploitation et d’enrichissement des minerais et a assuré la formation des cadres et techniciens pour son industrie minière dans son cœur de métier (exploration, exploitation et traitements). Les phosphates, en particulier, ont joué un rôle primordial dans ce développement. Aujourd’hui, le secteur minier contribue de manière importante au développement du Maroc, notamment dans des régions souvent reculées et enclavées et directement à la balance commerciale du pays. Le poids de l’activité minière représente actuellement environ 10% du PIB national. Outre les phosphates pour lesquels le Maroc est leader à l’échelle mondiale, le pays continue d’exploiter toute une gamme d’autres minerais avec des niveaux de production importants : plomb, zinc, cuivre, manganèse, barytine, fluorine, cobalt, argent.

Par ailleurs, le Maroc compte également aujourd'hui plus de 200 mines orphelines, qui posent de nombreux problèmes : emplois perdus, patrimoine détruits, territoires oubliés, conversions difficiles des actifs, contaminations des écosystèmes qui peuvent impacter la santé des habitants et compromettre les usages potentiels futurs, principalement en termes de patrimoine et d’agriculture. Ce n’est que depuis 2015 que le jeune code minier du Maroc promeut de nouvelles pratiques dans la gestion et l’exploitation des gisements. Désormais, les opérations minières devront être effectuées en conformité avec l’ensemble des législations environnementales en vigueur. Cela suppose notamment de les soumettre à une évaluation ex ante quant à leurs incidences sur l’environnement, et comportant l’élaboration de plans d’abandon des mines considérant les impacts de la mine sur le plan environnemental (incluant les volets sociétaux). C’est une priorité clairement énoncée par les autorités marocaines.

La création du LMI permettra l'élaboration -d’analyses et de diagnostics exhaustifs et robustes scientifiquement, -de suivis dans le temps des impacts (notion d’observatoire), -de propositions concrètes de réduction des impacts et de restauration des environnements dégradés, dans une vision partagée d’économie circulaire diversifiée et plus solidaire. Ce projet interrogera également les manières de gouverner les mines au Maroc en insistant plus particulièrement sur les relations de pouvoir et sur la signification socio-politique des transformations en cours dans différents bassins miniers marocains.

Les recherches menées dans le cadre de ce laboratoire proposeront ainsi un regard croisé entre différentes disciplines de sciences humaines et sociales et de sciences de la terre pour étudier ces manières de gouverner et les logiques du vivre ensemble dans le secteur extractif marocain. Cela permettra de saisir au plus près du terrain certains enjeux du développement au Maroc et de sa gouvernance.

Les équipes fondatrices ont toutes une forte expertise dans leurs domaines respectifs relevant soit des sciences de l’ingénieur, des sciences de la nature, soit des sciences humaines et sociales. Chacune a travaillé ces dernières années en multidisciplinaire et/ou interdisciplinaire au sein de son propre champs thématique (bio-géosciences de l'environnement, biotechnologies, sciences humaines et sociales), avec une expérience acquise de longue date sur des terrains miniers diversifiés en Afrique de l’ouest et centrale, en Nouvelle-Calédonie, en Amérique latine, en France et au Maroc. De plus, à partir de leur expérience commune au Maroc de plusieurs années, voire de dizaines d’années pour certains, les équipes fondatrices (et associées) proposent de se fédérer autour d’un projet résolument interdisciplinaire et transdisciplinaire à construire, partant de programmes de recherche menés ensemble sur deux territoires miniers représentatifs de l’ensemble de la problématique au Maroc, sites miniers abandonnés et site miniers actifs.

L’ensemble des connaissances acquises et compétences développées représentera un corpus de savoirs très innovants que nous proposons de partager et de mettre en synergie au Maroc, avec une perspective unique d’expertise de recherche, formation et innovation dans la sous-région et à l’international à moyen terme, en particulier avec nos partenaires d’Afrique de l’ouest et en relation avec les centres d’excellence africains (Programme ACE Banque mondiale). Nos résultats contribueront à nourrir ainsi les politiques publiques en termes d’activité minière responsable et favoriseront un aménagement durable et diversifié partagé par les différents acteurs des territoires; il vise à réduire les asymétries d'information entre les différents acteurs concernés par l'activité minière afin de donner des leviers d'action aux citoyens marocains.

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