ANR Evaluer le Risque Amiante à SibatE (Colombie)
Acronyme : | ERASEd |
Porteur du projet : | Benjamin LYSANIUK |
Partenaire : | Uniandes Universidad de Los Andes - Facultad de Ingenieria / Departamento de Ingenieria Civil y Ambiental |
L’amiante est un terme générique renvoyant à des silicates de texture fibreuse tous classés « cancérogènes certains », depuis 1977, par le Centre International de Recherche sur le Cancer (rattaché à l’Organisation Mondiale de la Santé). Moins de soixante-dix pays ont – en 2019 – interdit l’utilisation et la commercialisation de produits à base de ces fibres. En silence, la Colombie reste un pays producteur et consommateur d’amiante quand, dans le même temps, les grands pays de la région bannissent, les uns après les autres, son usage. La municipalité de Sibaté est située dans le département du Cundinamarca, à une vingtaine de kilomètres au Sud de la capitale colombienne Bogotá. Sa population totale est d’environ 38 000 habitants. Aux marges de cette municipalité est installée – depuis une cinquantaine d’année – une usine d’amiante-ciment fabriquant aussi bien des plaques de couverture que des conduites d’eau. Cette usine a été – et reste – un important pourvoyeur d’emploi pour les populations des alentours. Malgré cela, il est clair que les expositions cancérogènes générées par cette usine aient été multiples : professionnelles évidemment, mais certainement environnementales et para-professionnelles. Il semblerait également – aux dires d’habitants rencontrés par les chercheurs colombiens – qu’une partie de la municipalité ait été construite sur des remblais fournis par l’usine en question. Depuis décembre 2014, les médias locaux relaient des cas de maladies liées à l’amiante dans cette municipalité : aussi bien chez d’anciens travailleurs de l’usine que chez des personnes ayant simplement vécues à proximité. Les soupçons d’une contamination environnementale sont bien réels : plusieurs personnes sont d’ores et déjà décédées d’un cancer spécifique de l’amiante (le mésothéliome), de cancers du poumon ou sont atteintes d'asbestoses à proximité de cette usine. La rumeur relative à la constitution d’un remblai amianté, à partir de matériaux fournis par l’usine, fut confirmée au cours de travaux menés par des partenaires de ce projet. Plusieurs échantillons de sol ont ainsi confirmé la présence d’amiante friable dans le sol de Sibaté. Alors que le risque n’est pas encore socialement construit, le danger – i.e. la présence d’amiante à des niveaux superficiels du sol – est lui bien réel. Par la constitution d’une équipe pluridisciplinaire et internationale associant géographes (UMR PRODIG, France) et spécialistes d’ingénierie environnementale (Universidad de Los Andes, Colombie), nous proposons de répondre à deux objectifs principaux : borner le remblai amianté à l’aide de méthodes non-invasives ; mesurer la connaissance du risque et identifier les menaces majeures telles que perçues par des groupes d’acteurs spécifiques de cette communauté. Plusieurs approches seront mobilisées pour répondre à ces objectifs : analyse de l’évolution de l’occupation des sols, reconstitution des changements topographiques, recherche d’une strate polluée à l’aide de méthodes géotechniques, cartographie à dires de riverains et cartes mentales lors d’ateliers, analyse textuelle de la presse, enquête et entretiens. La portée scientifique de ce projet est protéiforme : analyse d’une situation inédite non-documentée, mobilisation cohérente d’un ensemble de méthodes mixtes dans un nouveau contexte. Le principal apport d’ERASEd serait la prise en compte de ses résultats dans la mise en place d’un véritable plan de gestion du risque tant du point de vue de la cartographie des zones de danger que du choix dans la manière d’informer la population. |