PRODIG - Pôle de Recherche pour l'Organisation et la Diffusion de l'Information Géographique

Mécaniques amérindiennes. Analyse comparée autour de la formation du savoir mécanique dans les sociétés amérindiennes de l’Atacama et du Chaco boréal 1950-temps présent

Acronyme : Mécaniques amérindiennes
Porteur du projet : Nicolas RICHARD
Equipe du projet : RICHARD Richard
Lorena CORDÓBA
Diego VILLAR
Zelda Alice FRANCESCHI
Rodrigo MONTANI
Alberto PRECI
Dates 2017-2021
Contact : Alberto.Preci@univ-paris1.fr
Site web : https://anr.fr/Projet-ANR-16-CE27-0012

L’objectif général de ce projet est de décrire et d’analyser comparativement la formation du savoir mécanique dans les sociétés amérindiennes de la Puna de Atacama et du Chaco. Nous approcherons le problème en partant de quatre considérations préliminaires:

1- qu’en ces contextes sociaux asymétriques ou postcoloniaux le savoir mécanique est un lieu de pouvoir, de construction de marqueurs (de genre, ethniques, nationaux, vestimentaires, etc.) et de production de sujets sociaux. En ce sens, les dispositifs formels d’instruction mécanique (service militaire, missions religieuses, éducation technique), dont il faudra retracer l’évolution et les tensions locales, sont aussi des dispositifs de contrôle social de populations subalternisées. La mécanique y apparaît comme un champ asymétrique et sous tension, avec des formes légitimes et illégitimes, des contre-cultures, des circuits en concurrence, etc. ;

2- que dans les périphéries de ces grands systèmes techniques (mines, plantations), le processus d’appropriation indienne des machines produit un champ singulier et hétérogène de pratiques techniques, de discours sur les machines, de manières de les classer et de les nommer, d’en identifier les dangers, etc., et qu’il y a donc lieu à une anthropologie ou une ethnographie du mécanique ;

3- que ce champ s’exprime matériellement en une série d’outils, de dispositifs techniques et de gestes opératoires dont il faudrait faire l’archéologie et qui sont susceptibles d’être modélisés et formalisés. Ces outils et ces garages informels gardent la trace des strates techniques successives qui se sont imprimées sur ce territoire et des contradictions qu’il a fallu à chaque fois surmonter.

Ce projet mobilise une démarche interdisciplinaire, exploratoire, qualitative et comparée. Nous nous pencherons sur deux espaces marginaux et faiblement peuplés et tardivement colonisés (1880-1930) par le front minier mécanisé. La comparaison entre ces deux espaces, par ailleurs entièrement différents, permettra de comprendre comment, à conditions sociales, techniques et historiques variables, une même « strate » technique et mécanique est différemment disséminée, absorbée et appropriée localement. Le projet se structure en trois axes ou objectifs spécifiques :

1- Ethnographie des savoir-faire mécaniques dans l’Atacama et dans le Chaco. Il s’agira de décrire de façon comparée le processus d’appropriation indienne du mécanique, de décrire la diversité de pratiques techniques qui s’y développent ainsi que les vecteurs de transmission et l’ensemble des formes culturelles qui symbolisent, ritualisent ou signifient socialement la relation aux machines et les inscrivent dans le paysage local.

2- Savoir mécanique, pouvoir et espaces postcoloniaux. Il s’agira de comprendre comment ce savoir est un lieu de pouvoir, de légitimités et de hiérarchisations sociales qui prennent forme dans un contexte asymétrique ou postcolonial ; d’identifier, documenter et étudier historiquement les dispositifs formels d’instruction mécanique.

3- Matérialités, techniques et modélisation. Cette asymétrie se traduit sur le plan matériel et technique par un ensemble d’outils, de dispositifs ou d’opérations techniques qui expriment matériellement cette tension plus générale entre la “fermeture” des machines et l’“ouverture” des pratiques locales. Les ateliers mécaniques en fourniront l’archive. Il s’agira de relever, modéliser et étudier la culture matérielle associée à ces savoirs.

Les résultats attendus de ce projet de recherche sont triples :

  • restituer et décrire ces savoirs à travers la constitution de corpus numérisés, indexés et collectivement exploitables ;
  • avancer dans la connaissance du problème à travers la publication de trois articles scientifiques, un ouvrage collectif et la préparation d’un manuscrit monographique
  • dynamiser la collaboration académique et scientifique entre les différents partenaires.

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