Les éleveurs de la rive nigérienne du lac Tchad face à Boko Haram : entre mobilités forcées et revendications identitaires

La crise sécuritaire qui sévit actuellement dans la région de Diffa (Niger) et singulièrement dans le bassin du lac Tchad, du fait de l’insécurité causée par les islamistes de Boko Haram, a bouleversé les activités pastorales et perturbé les mobilités des éleveurs au sein de cette partie du Niger. À partir des données in situ collectées auprès des éleveurs sur la base d’une méthodologie d’enquêtes terrain dans une zone où l’accès est physiquement difficile, cet article met en lien des trajectoires historiques sur la longue durée et les vécus quotidiens des pasteurs et agro-pasteurs de la rive nigérienne du lac Tchad dans cette situation d’insécurité inédite liée à Boko Haram. Nous verrons notamment comment cette insécurité a engendré des dysfonctionnements sur certains systèmes pastoraux, a exacerbé les tensions intercommunautaires sur fond d’anciens clivages ethniques et a ravivé les revendications territoriales entre groupes pour le contrôle des zones pastorales et l’affirmation identitaire.