Audrey MBAGOGO KOUMBRAÏT soutiendra sa thèse le mardi 6 juin 2023.
Sujet :
Dynamique d’un front agricole au sud du lac Tchad (Tchad): peuplement, mutations agraires et stratégies paysannes
Le lac Tchad et ses rives forment une région exceptionnelle au Sahel, qui se démarque de l’aridité environnante par la présence de l’eau et des ressources variées qu’elle recèle. Ainsi, cette région offre un potentiel agro-foncier très riche, qui ne cesse d’attirer de nombreaux migrants, notamment depuis le passage au petit Tchad en 1973. Sur les rives méridionales tchadiennes, le retrait des eaux du lac au début des années 1980, à la suite des grandes sécheresses sahéliennes, a favorisé la découverte de vastes terres fertiles et l’attrait sans précédent des populations en quête de zone refuge et de nouvelles ressources. L’émergence d’un nouveau système agricole à proximité du lac a favorisé l’essor des cultures de décrue. très diversifiées, elles sont pratiquées au fur et à mesure du retrait de la crue, et participent fortement à l’approvisionnement des marchés urbains, notamment la capitale N’Djaména. À ce titre, les rives méridionales tchadiennes du lac Tchad sont devenues un front de colonisation agricole qui polarise son arrière-pays, plus ou moins éloigné. Elles accueillent de nouvelles populations et l’agriculture est de plus en plus dynamique. Dans le contexte d’insécurité régionale actuelle, liée à la crise Boko Haram, les personnes qui fuient les violences dans les zones les plus touchées du lac Tchad trouvent refuge sur ces rives.Cependant, la croissance démographique qui résulte de cette situation entraîne la rareté des terres agricoles d’où la pression foncière observée ces deux dernières décennies, et qui pourrait traduire la saturation des rives méridionales tchadiennes du lac Tchad. Afin d’appréhender les implications de cette saturation sur les pratiques agricoles et foncières, cette thèse se propose d’analyser les dynamiques démographiques et agraires en cours, tout en s’appuyant sur une démarche diachronique qui mobilise l’histoire du peuplement et des pratiques agraires, ainsi que sur l’observation, les entretiens et l’enquête-questionnaire.Les résultats montrent que des marges existent sur les rives méridionales tchadiennes du lac Tchad. On assiste à l’émergence de nouvelles pratiques à la fois agricoles et foncières. D’une part, elles se traduisent par la diversification et l’innovation dans les pratiques agricoles, et d’autre part, plusieurs modes d’accès à la terre coexistent. Toutefois, la marchandisation de la terre contribue à accentuer l’insécurité et la précarité foncière. Dans un contexte où les conflits fonciers se multiplient, le mode de gestion traditionnel s’efforce de maintenir des règles qui sont jusqu’ici efficaces mais fragiles. Toutefois, des stratégies sont élaborées par les exploitants agricoles pour s’adapter face aux changements en cours. Ainsi, des possibilités d’adaptation par la pluriactivité, la mobilité et la sécurisation des droits fonciers existent. Enfin, toutes ces dynamiques interrogent sur le devenir des rives étudiées en termes de développement face aux enjeux et aux défis à relever pour répondre aux besoins croissants des populations et assurer la sécurité alimentaire.
Composition du jury :
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Christine RAIMOND, Examinatrice, Directrice de recherche, CNRS, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne / UMR 8586 PRODIG
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Géraud MAGRIN, Directeur de thèse, Professeur des universités, Université Paris1 Panthéon – Sorbonne / UMR 8586 PRODIG
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Jean-Louis YENGUE, Rapporteur, Professeur des universités, Université de Poitiers / UR Ruralités
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Bénédicte THIBAUD, Rapporteuse, Professeure des universités, Université de Bordeaux Montaigne
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Frédéric REOUNODJI, Examinateur, Maître de conférences, Université de N’Djaména