THÈME 4 : Observations et modélisations des changements

Le thème Observations et modélisations des changements répond à une double opportunité : d’une part, construire autour des savoir-faire méthodologiques de l’UMR (SIG, télédétection, cartographie, modélisation) une veille technologique de qualité et un renouvellement des méthodes de recueil, de traitement et de représentation de l’information géographique ; d’autre part, et en synergie avec une analyse des dynamiques et trajectoires évolutives sur les territoires, développer de nouvelles méthodologies d’observations et de modélisations dédiées à l’analyse des changements selon différentes profondeurs temporelles.

Ce thème entend apporter des réponses conceptuelles à la problématique de l’analyse des changements. Ainsi, les notions de contrainte, de permanence, de rétroaction permettent, par exemple, de faire interagir des temps aussi difficilement compatibles que ceux des changements climatiques, de la formation des territoires politiques ou encore des pratiques quotidiennes des habitants (Brunet et Dollfus, 1990 [1]). De même, les concepts et outils des sciences de la complexité permettent d’interroger le fonctionnement des territoires comme résultant des multiples interactions entre des éléments environnementaux et sociaux imbriqués, possédant leur propre dynamique et dont l’évolution est souvent imprévisible (Moine, 2007 [2]). A ce titre, les périodes de changements affectant les territoires (transformations, mutations, ruptures) sont considérées comme des moments privilégiés qui révèlent aussi bien les caractéristiques des objets étudiés que les relations qu’ils entretiennent entre eux ou avec leur environnement (Janelle, 2008 [3] ). De nouvelles méthodes décrivant et conceptualisant les changements, permettant de mettre en exergue les règles de fonctionnement des systèmes étudiés, sont ainsi requises.

L’objectif des recherches est d’aller au-delà des représentations diachroniques discrètes, qui correspondraient à une simple succession de clichés (au sens photographique du terme) statiques. La formalisation de nouveaux modèles statistiques (typologie de trajectoires), mathématiques (équations différentielles intégrant le temps) et informatiques (modélisation multi-agents) est en revanche attendue. Ces travaux de formalisation sont couplés avec des recherches axées sur le développement de méthodes de représentations cartographiques renouvelées, à travers une sémiologie animée adaptée. Ces mobilisations multiples appuient, enrichissent et prolongent les réflexions thématiques de ce thème mais aussi celles menées dans les trois autres.

La compréhension des systèmes spatialisés, de leurs changements et de leurs dynamiques s’articule en trois étapes qui pourront se répondre :

• L’observation, étape indispensable aux recherches de terrain (pratique de la mesure dans des réseaux et systèmes d’observation institutionnalisés, enquêtes, télédétection…).
• La modélisation car elle permet d’organiser nos connaissances des systèmes spatialisés pour en produire de nouvelles (modèles et savoirs co-construits, validés et appropriés par des acteurs locaux, simulation multi-agents, modèles dynamiques à base de stocks et flux…).
• L’analyse réflexive sur les pratiques méthodologiques relevant de la géomatique (SIG, cartographie thématique, image géographique, géovisualisation). Elle vise à questionner la réciprocité entre des développements théoriques sur le fonctionnement des territoires et des développements méthodologiques d’observation et d’analyse. Elle interroge par ailleurs l’intégration des modèles produits dans les processus de décision.

[1] Brunet R., Dollfus O., 1990, Mondes nouveaux, Paris, Hachette-Reclus [Géographie Universelle,tome 1].

[2] Moine A., 2007, Le territoire : comment observer un système complexe, Paris, Éditions L’Harmattan. 176 p.

[3] Janelle D.G., 2008, « Spatial Reorganization : A Model and Concept. » In S. Hanson and M.-P. Kwan, eds. Transport : Critical Essays in Human Geography”, Aldershot : Ashgate Publishing Ltd. Reprinted from 1969, Annals of the Association of American Geographers, 59, p. 348-364.