Mahamadou ABDOURAHAMANI soutiendra sa thèse le jeudi 6 janvier 2022 à l’Université Abdou Moumouni de Niamey.
Sujet :
Recomposition de l’espace et de la mobilité des éleveurs au Niger oriental dans un contexte d’insécurité transfrontalière inédite de Boko Haram
La région de Diffa est une zone agropastorale majeure au Niger et dans le système pastoral mobile au Sahel. Elle attire de nombreux groupes d’éleveurs qui y ont leurs terroirs d’attache et effectuent des mouvements saisonniers vers les pâturages méridionaux au Nigeria ou dans les zones humides de la Komadougou Yobé et du lac Tchad. Depuis 2014, la région de Diffa subit de plein fouet la crise régionale liée au groupe islamiste Boko Haram, né en 2003 dans l’Etat du Borno au Nigeria. L’irruption des groupes armés et l’extension de leurs exactions sur le territoire nigérien ont provoqué l’instauration d’un état d’urgence et des mouvements importants de population. Pour les groupes d’éleveurs, la fermeture de la frontière nigéro-nigeriane en 2015, conjuguée aux violences de Boko Haram et aux mesures d’évacuation forcée des zones humides par l’armée, pour déloger les groupes insurgés et assécher leurs revenus, ont eu des conséquences catastrophiques tant sur la sécurité des familles et des troupeaux (kidnappings, vols, meurtres) que sur la mobilité et l’accès aux ressources pastorales. En comparaison avec les crises passées, cette thèse montre comment la crise Boko Haram est une crise inédite pour les éleveurs. Cette thèse qui porte sur une région difficile d’accès s’appuie sur une approche méthodologique alliant une cartographie participative et des entretiens semi-directifs qui ont concerné : les éleveurs, les agropasteurs, les autorités administratives et coutumières, les services techniques et les personnes ressources. Les résultats montrent la violence de la crise et ses conséquences sur les modes d’accès aux ressources, ainsi qu’une transformation profonde des systèmes de mobilité et des réseaux de commercialisation du bétail. Ils soulignent aussi les effets de la gestion politique de la crise et ses conséquences désastreuses non seulement pour les pasteurs mais aussi pour les populations Kanouri. La crise n’a épargné aucun groupe et remis en question les relations intercommunautaires à Diffa, avec des reconfigurations d’alliances et l’émergence de nouveaux conflits. Elle marque ainsi une rupture profonde par son ampleur régionale, sa durée et un niveau d’insécurité jamais connu à Diffa depuis le siècle dernier, renforcée par l’impossibilité d’accès à certains espaces, l’insertion forcée de systèmes pastoraux auparavant épisodiques, ainsi que par la mise en place d’une économie parallèle fondée sur le vol, le rançonnement, la taxation et la prédation. Dans le contexte actuel de montée en puissance des insécurités au Sahel, cette thèse apporte une valeur ajoutée dans la compréhension du rôle des éleveurs dans les conflits armés et peut être mobilisée dans les actions de développement pour les pouvoirs publics.
Composition du jury :
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Boureima AMADOU, Professeur titulaire, Université Abdou Moumouni de Niamey (Niger), Président
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Maman WAZIRI MATO, Professeur titulaire, Université Abdou Moumouni de Niamey (Niger), Directeur de thèse
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Christine RAIMOND, Directrice de recherche, CNRS, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (France), Co-Directrice de thèse
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Man-na DJANGRANG , Maître de Conférences, Université d’Ati (Tchad), Rapporteur
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Sambo BODE, Maître de Conférences, Université Abdou Moumouni de Niamey (Niger), Rapporteur