Thèmes de recherche
Thème 2 : Métropolisation, circulations et dynamiques urbaines
Thème 3 : Changements environnementaux et enjeux de société
Thèse
Décentralisation, gouvernance métropolitaine et risques : une analyse comparative entre Lima et Tunis
Année d’inscription 2019
Etablissement d’inscription : Paris 1 - Panthéon Sorbonne
Directeur de thèse : Pascale METZGER
Co-Direction : Alexis SIERRA
Aujourd’hui, plus de la moitié de la population mondiale habite dans des centres urbains, et ils passeront à deux personnes sur trois d’ici 2050, selon le Département des Affaires Economiques et Sociales de l’ONU (UN, 2019). Ainsi Les catastrophes en milieu urbain sont une des préoccupations majeures de nos sociétés. Partagée entre « ville-refuge » et « archipel du danger » (Reghezza, 2006), la ville est à la fois un lieu de concentration de population et d’enjeux qui sont susceptibles d’être affectés et un lieu de concentration de ressources et moyens pour y faire face (Robet J., 2013). Au début des années 1990, quand la question des catastrophes « naturelles », de leur gestion et de leur prévention, est apparue sur la scène internationale un consensus s’est formé au niveau mondial autour de la nécessité de réduire les effets de ces phénomènes. Jusqu’à ce moment cette responsabilité avait été laissée à la seule charge des états et des organisations privées, lesquels se limitaient, dans leur grande majorité, à mettre en place des actions de secours après l’arrivée de la catastrophe. Promue au rang des questions « transversales », dans la mesure où elle requiert la mobilisation de plusieurs secteurs, la thématique des catastrophes « naturelles » a désormais acquis une place privilégiée dans l’agenda international. L’articulation récente de ce sujet avec celui, également mise en priorité sur l’agenda international des risques qualifiés de « globaux » (changement climatique, crise environnementale...) contribue au renforcement des discours promouvant une décentralisation des pouvoirs de gestion et prévention des risques et des catastrophes. Ainsi, plus encore que les catastrophes « naturelles » localisées (telles que les éruptions volcaniques ou les séismes), le changement climatique qui se produit à l’échelle planétaire conduit à un renforcement de la tentative d’internationalisation des mesures de prévention (Revêt S., 2009). Cette dynamique se construit au croisement de plusieurs domaines, entre autres, le développement, l’humanitaire, l’environnement, et met en scène des acteurs de natures et de statuts divers : bailleurs de fonds, organisations internationales et régionales, acteurs étatiques, organisations non gouvernementales (ONG) nationales et internationales, centres de recherche, universités, entreprises privées, compagnies d’assurances etc. Ainsi, nombreux nouveaux acteurs intéressés par le sujet ont commencé à former un réseau de plus en plus institutionnalisé. (Revêt S., 2009).
Le projet se propose d’analyser le processus de globalisation des politiques de gestion des risques et catastrophes à travers l’étude comparative de deux réalités métropolitaines du Sud, très différentes pour leur contexte social, politique et économique : la ville de Lima et cela de Tunis. L’analyse portera sur les dynamiques de pouvoir mises en place, les effets de la circulation des « bonnes pratiques » et le jeu d’acteurs concerné, à la fois dans une dimension locale et internationale.
La RED (Red de Estudios Sociales en Prevención de Desastres en América Latina) de manière avant-gardiste en 1993 et l’OCDE en 2003, introduisent la notion de « risque systémique ». Notion inspirée du domaine économique, cela met l’accent sur l’interdépendance et interconnexion qu’intéressent les systèmes vitaux complexes de nos sociétés. Ainsi, les risques résulteraient être la conséquence des pressions exercées per les changements culturels, démographiques, environnementaux, socio-économiques affectant nos sociétés et dont la vitesse d’évolution surpasse nos capacités de gestion et d’adaptation pour y répondre. Remettant en cause l’analyse classique et statique des risques, elle renvoie à une nécessaire prise en compte de la complexité de phénomènes dynamiques et requière une approche interdisciplinaire de l’échelle locale à l’échelle globale (Bouchon S., 2007, Metzger et Rober, 2013).
La notion de risque relève des enjeux étroitement liés à la gouvernance. Si les acteurs internationaux sont de plus en plus présents sur ce sujet, c’est aussi parce il y a eu une perte de confiance dans la capacité des Etats de faire face, seuls, à ces questions. En même temps les gouvernements locaux ont acquis une place importante dans les agendas internationaux, comme niveau d’action pertinent et comme solution à l’inertie des Etats (Robert J. et Metzger P.,2006). Ils font l’objet d’une attention certaine des institutions internationales soulignant le rôle privilégié qu’ils sont à même de jouer pour l’application des politiques de développement durable, de villes inclusives, résilientes et d’adaptation aux changements climatiques (Barrau et al., 2014 ; Scarwell, Laganier, Kaszynski, 2005). Ainsi, ce projet interroge les jeux de pouvoir qui se dessinent derrière la production et la circulation des modèles urbains, aux stratégies élaborées, mises en œuvre dans les villes du Sud, voire subies par les gouvernements locaux ou métropolitains et par d’autres acteurs (ONG, bailleurs internationaux etc.) dans la gestion des risques et des catastrophes et la conséquente planification territoriale qui l’accompagne à différentes échelles (quartiers, ville, État) (Peyroux et Sanjuan T., 2016).
ABSTRACT
This research project proposes to analyze the globalization process of risk and disaster management policies through a comparative study. "The existence of risk renews the geopolitical analysis at all scales, especially urban" (Sierra, 2014). So, the concept of risk is closely linked to governance and its management policy affects the powers distribution between state and local authorities. The analysis will focus on the power dynamics of metropolitan policy about risks and disasters management and the relations between the stakeholders involved, both in a local and international dimension.
So, if international stakeholders are more and more present on this topic, it is also because there has been a loss of confidence in the capacity of States to face these questions alone. At the same time, local governments have gained prominence in international agendas, as a relevant level of action and as a solution to the inertia of States (Robert J. and Metzger P., 2006). They are subject of international institutions interesting for the privileged role they can play in implementing sustainable development policies and climate change adaptation (Barrau et al. al., 2014 ; Scarwell, Laganier, Kaszynski, 2005). These themes, in particular, are increasingly winning international attention, which is characterized by a double dynamic : internationalization and institutionalization (Revet S., 2009). There are different models of risk management policy today. Several are the postures proposed : fight against the hazard or reduction of the vulnerability factors ; focus on heavy development or rather information, training or regulations on land use. International institutional actors agree on the view that disaster reduction should be a major area of action for development policies. How these expectations at the international level are translated into policies at the local, metropolitan, level ? Is there a specificity of risk management in cities of the South ?
It leads to cross-fertilization of different development policies : equipment in services and infrastructures, urban planning and regulation, training and information. Then, the risk policy plays on the dialectic of scales. In cities in the South, urban expansion is often greater than urban growth : development modes that consume large amounts of space lead the city to expand on land exposed to risk. At the same time, the urbanization of the countries of the South is reflected in growth concentrated on the biggest cities, which condenses the political and economic stakes. So, the “Metropolisation” makes the whole country more vulnerable, since an accident on the metropolis leads to paralyze all the country. At once, the discourses on risk in the cities of the South are all the more effective as these cities are subjected to widely recognized menaces (seismicity, volcanism, floods, etc.) and they gather a strong concentration of vulnerability factors (social, economic, political) (Maskrey A.1993, Sierra A., 2007).
By producing discourses, tools, norms, ways of thinking and beliefs that are unique to it, this international space of risk management and "natural" disasters now plays a decisive role in the formulation of issues, the structuring of national and local policies, the financing of NGO projects and the postures of the different actors. A desire of cohesion is displayed, but is it really possible ? (Rev. S., 2009). This research analyses the emerging "practices" behind the production and circulation of these urban models, the strategies developed, implemented and even suffered by local or metropolitan governments and other actors. (NGOs, international donors etc.) in the management of risks and disasters and the consequent territorial planning that accompanies it on different scales (neighborhoods, city, state) (Peyroux and Sanjuan T., 2016).